Il y en a qui vont être contents. Pour faire suite à pas mal de mails et commentaires de créatifs en herbe, je lance officiellement la série des interviews de concepteurs-rédacteurs (ou ex-rédacteur). Le petit chanceux qui l’inaugure s’appelle Julien Morel. Julien est actuellement rédacteur / Chef de projet Web au sein de l’ESCP. Avant cette place enviable, il a eu la chance de travailler comme Community Manager. Bonne lecture de cette interview virtuelle.
Julien : en période de crise, il n’est pas évident de trouver un boulot, voire de postuler, du moins c’est ce que l’on dit. Hors, dans cette mauvaise passe, du taff, il y en a quand même, surtout dans le domaine du web qui lui est en pleine explosion. Le problème, je pense, c’est que concepteur-rédacteur, ce n’est pas encore le métier top tendance auquel pensent tout de suite les entreprises, et elles ont tort.
Que conseilles-tu à un jeune rédacteur qui veut créer un portfolio sexy ?
Julien : tout d’abord, se pose la question du « plus » qu’il va apporter et qu’il va devoir valoriser. Ça parait tout simple dit comme ça, mais il faut bien voir dans le métier de concepteur-rédacteur un travail qui va au-delà du simple « rédacteur » qui va pondre des contenus pour supports.
Un rédacteur peut être amené à des actions de communications sur des médias sociaux, ou du moins les penser, réaliser des vidéos type reportage, mettre en place un blog ou déplier un site éphémère pour une action particulière, créer un graphisme, etc.
Notre domaine d’action est un royaume où la polyvalence règne en maître absolu sur nos différents sujets (joli parallèle, non ?). Quoiqu’il en soit, être un touche-à-tout apportera sans doute un plus à votre candidature et votre portfolio doit refléter cette diversité.
La base va donc être le blog. Des blogs, il y en a plein qui parlent de tout, et surtout de n’importe quoi. Dans ce blog, au-delà du sujet (prenez un thème qui vous est cher), c’est votre plume qui va devoir ressortir. N’hésitez pas à innover, à créer votre style, à le montrer, vous montrer.
À part ce blog, dont vous devrez confectionner un habillage qui vous est propre (capacité graphique), je vous conseille de créer une page dédiée à votre portfolio où vous pourrez mettre un petit peu de tout et n’importe quoi. Attention, ça peut paraître idiot, mais évitez de dire que vous avez été vendeur de saucisse dans le Nord-Pas-de-Calais pendant vos vacances, seules les expériences scolaires/réelles/stages comptent. Mieux vaut en mettre moins que d’étaler n’importe quoi. Votre CV doit avoir une certaine cohérence, ne l’oubliez pas.
Afficher une présence sur les médias sociaux (Facebook, Viadeo, Linkedin…) est un vrai plus quand on sait l’importance que ceux-ci vont occuper dans les futurs relations BtoC et BtoB. Enfin, si vous avez un plus (vidéo, code flash), n’hésitez pas à le mettre en avant (animation, vidéo originale ne tombant pas dans le cliché CV vidéo…).
Un CV sexy est un CV qui utilise et met en scène toutes vos capacités, au-delà de simplement les coucher sur papier (CV papier). Liberté à la créativité !
Comment as-tu valorisé ton book (contenu, format, présentation) pour être recruté ?
Déjà , j’ai listé mes capacités :
• Je suis un communicant (BTS)
• Je suis un journaliste vidéo et web (Master)
• Je suis un gestionnaire de projets web (Master2)
• Je suis un spécialiste des médias sociaux (Veille personnelle)
• Je sais aussi faire du graphisme, de l’intégration web et créer des sites web (Personnel)
A mon premier taff (chef de projet web), j’avais valorisé mon CV en créant un site graphique par le CMS Joomla avec une partie portfolio. Mais au-delà de ce simple site, j’avais intégré une vidéo riche média où l’on me voyait interagir avec les éléments de ma plateforme (utilisation d’un fond vert pour intégrer mon humble personne dans le décor). Sensation garantie.
Joomla étant une passoire en terme de sécurité, mon site a été détruit par des hackers turcs. Donc rebelote pour le deuxième travail (concepteur-rédacteur). Un site Joomla (encore en place miracle), un blog qui cartonnait (on peut rêver) et un portfolio dynamique. Quand je dis dynamique, c’est l’utilisation d’un site web appelé Slide Rocket qui permet de créer des power points en cinq minutes au format flash avec effets et possibilité d’intégrer vidéos et photos. La particularité de cette application web est sa faculté à se publier sur tous les supports web. J’ai pu ainsi la mettre sur mes réseaux sociaux (Facebook, Doyoubuzz) et sur mon propre site. Bingo, ils ont adoré.
Soyez créatifs et attentifs à votre environnement. Agissez de manière réfléchie. L’originalité de votre CV vous différenciera d’autant plus qu’un CV formaté, utilisez tout votre savoir faire tout en restant dans une norme, celle du « pas trop loin quand même ». Rappelez-vous Desproges « On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui », votre travail devra tout de même plaire à tout le monde. Etre créatif et universel, voilà un beau défi non ?
Je suis passé d’un statut de chef de projet web à celui de concepteur rédacteur parce que j’ai su mettre en avant les qualités attendues, à savoir une polyvalence rare (je me la pète un peu, hein), mais aussi parce que j’ai valorisé certaines capacités et connaissances propres à un environnement (ici web 2.0) que les autres n’avaient pas.
Enfin, dernier point, qui pour moi a vraiment de l’importance, poussez, mettez en avant votre deuxième langue. Un rédacteur bilingue, c’est un plus qu’en France l’on trouve rarement. Si vous n’êtes pas bilingue, n’hésitez pas, lors de votre entretien, à le signaler (rien ne sert de mentir) mais dites juste que vous prenez des cours. Au pire, vous le ferez la semaine d’après, mais devenez bilingue, et vous aurez une flèche de plus à votre arc.
J’ajouterais enfin un dernier conseil : ne vous attachez pas à une région. Allez là où il y a de l’emploi. C’est vraiment important, n’oubliez pas qu’en temps de crise on est facilement viré et qu’être dans une zone morte est assez périlleux. C’est pourquoi j’avais quitté mon travail à Poitiers pour aller. J’ai mis un mois et demi pour retrouver un travail, sachant qu’on était en mi-décembre, donc période de vacances, ce qui est vraiment pas mal (je me la pète encore).
Bon courage, les jeunes !